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Dès l'âge de 16 ans, en 1926, Philippe MAILLARD-BRUNE passe son permis moto. Son père, Docteur en Médecine, lui offre une moto 500 Cm3 Gnome & Rhône. Jeune homme studieux, il poursuit des études d'ingénieur. À 17 ans, devenu un fanatique de la moto, il s'engage dans l'épreuve d'endurance « Paris - Les Pyrénées Paris », organisée par MOTO-REVUE, en catégorie « amateur » sur sa 500 Cm3 personnelle et termine avec une médaille d'argent (Benjamin de l'épreuve). À sa sortie de l'école Bréguet, il est admis comme ingénieur-stagiaire au service du contrôle des moteurs d'avions Gnome & Rhône, boulevard Kellermann, puis après quelques mois est muté au service des études et essais prototypes motos où il exerçe cette activité jusqu'à son appel sous les drapeaux dans une unité motorisée, à Versailles. À la fin de cette période (service d'un an), compte tenu de la grave crise économique qui sévit aussi bien dans l'Aéronautique que l'Automobile ou la Moto, il est amené à occuper des fonctions commerciales ou techniques secondaires dans diverses entreprises sans trouver à se fixer. C'est alors qu'en 1933 il entre à la société Moto-Comptoir, installée 167 boulevard Pereire (Paris XVIIème). Sous la direction de M. CANDELIER, cette société était l'importateur exclusif pour la France et ses Colonies des voitures anglaises M.G. Philippe MAILLARD-BRUNE y occupe les fonctions d'attaché technico-commercial et est chargé plus particulièrement de la présentation et des essais aux clients de marque, c'est ainsi qu'il eût l'occasion de piloter le Roi d'Espagne de l'époque . C'est alors que se présente un événement qui devait être à l'origine de la carrière sportive et professionnelle de Philippe MAILLARD-BRUNE. Un jour, M. Jacques MENIER, un des propriétaires du Chocolat Menier et l'une des grandes fortunes de France, se montre intéressé par l'achat d'une petite M.G. Midget de 847 Cm3. Il a l'intention de se rendre avec cette voiture aux 24 Heures du Mans pour étonner ses amis. Monsieur CANDELIER n'ayant pas de véhicule disponible mais désirant satisfaire un client aussi important propose à Philippe MAILLARD-BRUNE de prêter à M. Jacques MENIER sa voiture personnelle, une Midget J2 847 Cm3. Quoique assez réticent, Ph. MAILLARD-BRUNE finit par accepter devant les garanties quasi illimitées offertes par un tel client...! Or, au cours de cette utilisation, M. Jacques MENIER égare les papiers de la voiture (qui seront heureusement retrouvés quelques jours plus tard). Pour s'en excuser et faire connaissance, M. Jacques MENIER invite Philippe MAILLARD-BRUNE au Château de NOISIEL en Seine-et-Marne, l'une de ses luxueuses résidences à proximité des usines MENIER, et lui fait part de son intention de s'intéresser au Sport automobile en créant une écurie de course. Celle-ci remplacerait l'équipe de hors bords de la société SORIANO, de SURESNES, dont il avait été le mécène pendant plusieurs années. Il charge donc Philippe MAILLARD-BRUNE d'élaborer un projet d'organisation sur les plans technique, sportif et financier d'une telle écurie. Cette écurie devant être constituée essentiellement par des voitures de l'usine anglaise M.G. après accord préalable d'exclusivité et d'aide technique de la firme pour toutes les compétitions françaises. Ce projet ayant reçu l'acceptation des intéressés, cette organisation prend effet dès janvier 1934 sous l'appellation « Ecurie Jacques MENIER ». Après avis favorable de M. CANDELIER, son employeur, Philippe MAILLARD-BRUNE est transféré dans les services de M. Jacques MENIER avec le titre de Directeur de l'ECURIE et Premier pilote. Dès sa création, cette organisation dispose d'un atelier de mécanique et de carrosserie très complets, d'un bureau d'études et d'un garage au 5, rue Alfred-de-Vigny à Paris 8ème, à proximité du parc Monceau. Ce service est composé d'une dizaine de techniciens (dont certains recrutés à l'usine de NOISIEL) ainsi que d'un camion-atelier avec remorque pour les déplacements. Le matériel de course comprend tout d'abord une M.G. J4 à compresseur 750 cm3 qui sera complétée peu après par une M.G. Magnette K.3 1100 Cm3 6 cylindres à compresseur. Voitures équipées d'une boîte de vitesse pré-sélective WILSON à quatre rapports. Ces deux voitures obtinrent de nombreux succès, parmi lesquels le Bol d'Or 1934, 35 (record général) et 36 à Saint-Germain en Laye, 24 Heures du Mans (1er catégorie 2 litres avec plus de 2700 kms couverts), Records internationaux de 24H à montlhéry (750 Cm3), course de côte internationale du Mont-Ventoux, de la Turbie... etc. En 1935, vient s'ajouter une 750 Cm3 monoplace type « R », à compresseur. Quatre roues indépendantes et suspension par barres de torsion, révolutionnaire pour l'époque. A noter que seules 10 voitures de ce modèle furent construites par la société M.G. qui les réservait à ses représentants officiels. Dès son apparition, cette voiture surclassait ses concurrents, notamment lors de sa première présentation au Grand Prix de France, sur l'Autodrome de Linas-Montlhéry. En 1936, Monsieur Jacques Menier s'adresse à la société DELAHAYE pour acquérir une des nouvelles 135 Spéciales châssis court 3,6 L, 6 cylindres, afin de participer avec une voiture française au Grand Prix de Vitesse (Règlementation « Sport »). Une convention du même type que celles conclues avec M.G. lui permet d'obtenir une voiture identique à celle pilotée par les coureurs officiels de la marque, PERROT et DIVO, et une étroite collaboration technique avec l'usine DELAHAYE. Cette voiture, pilotée par Philippe MAILLARD-BRUNE, participa aux Grand Prix de Marseille, de la Marne, Grand Prix de l'A.C.F., etc.. Malheureusement, cette année 1936, avec l'avènement du Front Populaire, devait avoir des conséquences graves sur le plan social : grèves, manifestations, occupations d'usines (dont celle du chocolat Menier à Noisiel) se succèdent. Sur le plan sportif, les 24 Heures du Mans, où la DELAHAYE de l'écurie Menier était engagée, doivent être annulées Les gros industriels étaient particulièrement visés, et les « signes extérieurs de richesse » tels que châteaux, écuries de course de cheveaux, yachts, etc. faisaient l'objet de la vindicte des partis politiques, des syndicats et de la presse. En raison de sa position sociale et de son immense fortune, M. Jacques MENIER et sa famille n'échappaient pas à ces critiques. Aussi, sans doute exaspéré par cette situation, il décidait de mettre un terme à son Ecurie automobile fin décembre 1936 après trois années de fonctionnement. Avec cette fin imprévue, Philippe MAILLARD-BRUNE se trouvait brusquement libre de tout engagement. Début 1937, Amédée GORDINI qui assurait le Service courses de la société SIMCA-FIAT, de NANTERRE, engage dans son équipe Philippe MAILLARD-BRUNE dont il avait apprécié les qualités de pilote, notamment au cours de récents Bol d'Or. Avec Amédée GORDINI, il participe à des records internationaux de 48 Heures (6 records) sur une SIMCA 5 Spéciale, Bol d'Or à Montlhéry etc. et 24 Heures du Mans, Tourist Trophy en Grande-Bretagne. M. Jacques Menier accepte de confier la DELAHAYE de l'écurie dissoute à Philippe MAILLARD-BRUNE pour participer au grand prix de Pau. Accompagnée par Amédée GORDINI faisant office de mécanicien, il se rend par la route au départ de cette épreuve dans laquelle il se classe huitième à la suite d'ennuis d'embrayage Fin 1937, devant les difficultés financières que connaît chroniquement l' équipe SIMCA-FIAT et son manque d'organisation, Philippe MAILLARD-BRUNE décide de reprendre sa liberté sans pour autant cesser ses bonnes relations avec GORDINI. Des pourparlers avec l'écurie Schell (Ecurie Bleue) n'aboutissant pas, il participe en janvier 1938, sur l'une des deux voitures DELAHAYE 135 compétition engagées par l'usine, au Rallye de MONTE-CARLO comme équipier de Joseph PAUL avec départ d'ATHENES. Par suite d'une erreur de remise du carnet de route au contrôle de SALONIQUE, la voiture sera lourdement pénalisée et manquera la 1ère place au général, ayant fait le meilleur temps aux épreuves de MONACO ! Recherchant une situation plus stable, Philippe MAILLARD-BRUNE rentre chez Peugeot dans un service technico-commercial consistant à traiter avec les administrations ou les grosses sociétés. Il occupe cette fonction jusqu'à la mobilisation générale, en septembre 1939. Au cours de la période dite « drôle de guerre » dans la zone des Armées, il tente vainement de s'engager dans l'Armée de l'Air comme pilote mais il sera refusé « en raison de son âge » (29 ans !!). Dès le 10 mai 1940, il participe à la campagne de Belgique dans un peloton de reconnaissance motorisé et suit la progression des armées allemandes. Démobilisé à Châteauroux, après un court séjour en zone libre, il rentre en zone occupée. Réfractaire aux S.T.O. puis membre d'une organisation de renseignements travaillant pour la Résistance, Philippe MAILLARD-BRUNE est engagé en avril 1944 par le CETAC (qui deviendra l'U.T.A.C.) comme Chef d'exploitation de l'Autodrome de Linas-Montlhéry, fonction qu'il occupera jusqu'à la réquisition de l'Autodrome par les troupes américaines. Rappelé à PARIS comme Ingénieur-Chef de Section de laboratoire, il gravit tous les échelons hiérarchiques dans les divers services de cet organisme. En 1963, Philippe MAILLARD-BRUNE est nommé Chef de Service-adjoint à M. Antoine PEIX, Directeur de l'Autodrome géré depuis la fin de la guerre par l'U.T.A.C. Fin 1964, M. PEIX prenant sa retraite, c'est Philippe MAILLARD-BRUNE qui assumera cette activité jusqu'à fin mars 1976, date de son départ à la retraite (66 ans), après 32 ans de « bons et loyaux services » à l'U.T.A.C. Profitant de ses loisirs, Philippe MAILLARD-BRUNE s'est de nouveau intéressé à l'aéronautique et, en 1985, à 75 ans, bénéficiant d'une excellente condition physique, il a débuté son instruction sur l'aérodrome du CASTELLET dans le Var, pour l'obtention du brevet de pilote privé qu'il réussit en 1988 à GUYANCOURT, près de Versailles. En 1995, il lui arrive encore de tenir le manche d'avions de tourisme sur l'Aérodrome de Toussus-Le-Noble. Quelle revanche sur son éviction de 1939 !! ...par les militaires ! Post-Scriptum : Philippe MAILLARD-BRUNE est Chevalier de l'Ordre National du Mérite, Croix du Combattant 39/45 et Gde Médaille d'Or du Travail (48 ans). Cliquez ici pour revenir à la page d'accueil des sorties du MG Club Cliquez ici pour lire la page sur l'Age d'Or 2000 |
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